Lettre à M. Robert Vila, maire de Saint-Estève, au sujet du Mas del Rei

Voici ci-dessous une lettre envoyée par l’ASPAHR à M. Vila, maire de Saint-Estève, au sujet du Mas del Rei


Perpignan, le 4 janvier 2021

Monsieur le Maire,

Depuis plus d’un an, plusieurs adhérents de notre association habitant votre commune se sont émus du sort réservé aux bâtiments de l’ancien « Mas del Rei », situé à Saint-Estève, avenue du même nom. Un projet, déjà ancien, de démolition pure et simple de ce bâtiment au profit de la réalisation d’un ensemble immobilier semble toujours d’actualité, malgré une situation complexe dont l’ASPAHR n’est, au demeurant, pas informée avec précision.
Il nous est cependant apparu important de venir souligner auprès de vous l’intérêt de ce bâtiment, architectural et historique, de plusieurs points de vue.

D’une part, même si les constructions actuelles ne datent pas de cette époque, ce mas garde le souvenir du séjour du roi Louis XIII lors du siège de Perpignan, en 1642, à un moment où ce monarque pouvait se prévaloir du titre de Comte de Barcelone, de Roussillon et de Cerdagne, à lui conféré par la Généralité de Catalogne révoltée contre Philippe IV, à la suite des accords de Péronne. C’est pourquoi ce mas, quel que soit le patronyme de ses propriétaires, a gardé au fil du temps ce nom de « mas del Rei » [mas du roi]. Le moment et le but de ce séjour, au moment de la prise de Perpignan, est particulièrement important pour l’histoire de notre pays, puisqu’il marque le basculement historique du Roussillon sous la domination française. C’est ce qu’on appelle, à proprement parler, un « lieu de mémoire ».

D’autre part, dans sa configuration actuelle, le bâtiment présente le visage d’un important mas agricole, typique de la plaine roussillonnaise, le logis lui-même datant d’une reconstruction de 1826. Il est accolé d’un vaste volume utilitaire construit en briques et en galets, typique de l’architecture catalane du XIXe siècle. Evidemment, notre association n’a pas été sans remarquer les nombreuses altérations et adjonctions disgracieuses que ces bâtiments ont subi, jusque relativement récemment, pour les adapter aux usages agricoles du XXe siècle. Il nous semble cependant que ces altérations sont réversibles et que, une fois dégagé des bâtiments parasites qui en gâchent aujourd’hui l’aspect, l’ensemble du mas peut tout à fait être réhabilité et affecté à de nouveaux usages, pourquoi pas d’habitat comme cela semble avoir été le projet avancé jusqu’ici. Une telle opération enrichirait le tissu urbain de Saint-Estève et le rattacherait un peu plus à son histoire.

L’ASPAHR voudrait rappeler ici que l’autorité en matière d’urbanisme compétente pour Saint-Estève, c’est-à-dire vous-même, dispose pleinement de la faculté de s’opposer à la démolition de ce bâtiment, même non protégé au titre des Monuments historiques, en application de l’article L 421-6 du code de l’Urbanisme1.
Nous vous demandons de faire usage, le cas échéant, de cette disposition légale pour empêcher cette destruction. Nous sommes bien entendu à votre disposition pour évoquer ce sujet de vive voix et sur place, si vous le jugez utile.

Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’assurance de nos meilleurs sentiments, ainsi que nos vœux pour la nouvelle année.

pour le bureau de l’ASPAHR

Olivier Poisson
président

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