De multiples destructions irréversibles

Depuis au moins 2010, la municipalité de Perpignan a poursuivi un programme de démolitions d’immeubles dans le centre ville selon ses propres objectifs, sans prendre en compte le fait que les édifices soient classés ou non à conserver au plan de sauvegarde.

Avec une perspective toujours la même, et que le maire lui-même a exprimé plusieurs fois dans la presse : “démolir, c’est bien”, “démolir sans reconstruire, c’est bien”, ce que nous voulons c’est “dé-densifier”. Peu importe ce que l’on démolit !

Avec cette politique, qui s’appuie sur une véritable institutionnalisation de la notion de “péril” sur des immeubles, systématiquement mise en avant mais dont les expertises sont sujettes à caution, pas moins de vingt immeubles classés à conserver au plan de sauvegarde et de mise en valeur ont été démolis.

Vingt autres (au moins) ont été également démolis, mais classés au plan de sauvegarde comme pouvant être “améliorés ou remplacés”. Cependant, dans la majorité des cas, ces immeubles ne sont pas remplacés, et laissent des vides béants dans le tissu urbain.

Liste des parcelles classées en 5bis, démolies :

Parcelles avec immeubles classés à conserver en catégorie 5bis au PSMV de Perpignan, démolis : vingt immeubles

– Rue Amiral-Ribeill : AC 73.

– Rue de l’Horloge : AC 74 (ancien presbytère de la cathédrale).

– Place Fontaine-Neuve : AE 145, AE 146, AH 484 (ancienne partie du couvent des Dames de Saint-Sauveur).

– Place Joseph-Deloncle : AH 65, AH 66, AH 68 (ancienne pharmacie Joseph Deloncle), AH 69.

– Rue des Bohémiens : AH 312.

– Rue Michel-Carola: AH 365.

– Place du Puig : AD 30.

– Rue Saint-François-de-Paule : AD 302, AD 305, AD 306, AD 309, AD 310, AD 314, AD 315.

– Rue de l’Anguille : AD 312.

La démolition de l’ancien presbytère de la cathédrale

La démolition de l’ancien presbytère de la cathédrale, construit par l’architecte Léon Bénouville en 1899-1900, est le cas le plus emblématique des méthodes expéditives de la municipalité sur le tissu urbain. Le péril invoqué pour détruire cet édifice à l’évident caractère patrimonial (sur le plan architectural comme sur le plan historique) a été largement surévalué et instrumentalisé, ceci d’autant plus qu’aucune mesure de confortation provisoire n’avait été mise en œuvre pour pallier les fissures apparues au début des années 2000, dont les causes étaient extérieures à l’édifice lui-même. “Qui veut tuer son chien, l’accuse de la rage” , et alors que le devoir de la municipalité était de conserver un édifice intéressant, protégé par le PSMV, elle a tout mis en œuvre pour le laisser se dégrader et tirer prétexte de son mauvais état pour le démolir – en vertu d’un arrêté de police du 14/12/2015 – en contournant la réglementation applicable.

Le projet de démolitions rue des Augustins

Un des plus flagrants exemples des projets urbains de la municipalité, projetés en dépit du secteur sauvegardé, de l’analyse faite du tissu existant et de la valeur des constructions est le projet de démolitions dans la rue des Augustins. Par une inspiration subite, la municipalité a déclaré vouloir créer un accès du nouveau musée Rigaud (accès nullement prévu au projet initial), par son jardin (pourtant situé plus haut que la rue de plusieurs mètres), et pour créer cet accès il est prévu de démolir quatre immeubles (nos 19 à 25) faisant l’alignement de la rue des Augustins. Briser la cohérence urbaine de cet alignement, qui répond, avec la ruelle de la Poissonnerie à une trace historique de la ville (le rempart du 12ème siècle), n’a pas de sens. Ce projet, apparu brutalement il y a moins d’un an est une nouvelle preuve de l’improvisation des projets municipaux et de leur incompréhension de la ville médiévale de Perpignan, notre patrimoine.

 

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