Perpignan / quartier Saint-Jacques / projet urbain et social 2018-2024 : l’avis de l’ASPAHR.

Le projet de rénovation urbaine du quartier Saint-Jacques, à Perpignan, soulève 3 types de questions : l’absence de vraie concertation, l’incompatibilité avec le Plan de sauvegarde en vigueur, les choix proposés par la municipalité.

La “concertation” :

Par délibération du conseil municipal en date du 20.12.2017 une concertation réglementaire a été mise en place, du 08 janvier au 28 février 2018. Cette “concertation” se déroule avec le strict minimum d’information auprès des habitants et le document mis en ligne sur le site de la ville est de mauvaise qualité et incompréhensible (Voir : http://www.mairie-perpignan.fr/fr/demarches/urbanisme-amenagement-habitat/projet-urbain-et-social-20182024).

La réunion qui s’est déroulée le 7 février dernier, et à laquelle notre association a participé, n’a fait l’objet d’aucune annonce, ni dans la presse, ni par voie d’affichage, ni sur le site internet de la mairie ; de ce fait, l’assistance fut peu nombreuse, alors qu’il s’agit de la seule réunion prévue dans le cadre de la concertation réglementaire et que les membres des conseils citoyens, notamment du Centre Ancien, n’ont pas été officiellement invités ; de même, la conseillère départementale du canton auquel est rattaché le quartier Saint-Jacques n’ pas été conviée à cette réunion. J’ajoute que la modification du PSMV en vigueur et la révision de celui-ci étaient à l’ordre du jour du conseil municipal qui se déroulait au même moment que la réunion de concertation, ce qui est anormal en terme de communication et d’information des citoyens, les dossiers PSMV et NPNRU étant intimement liés.

Nous avons eu droit à de longs monologues pro-domo de Monsieur le maire-adjoint à la politique de la ville défendant son projet. Il a vanté la co-construction du projet avec les habitants, mais une partie de ces derniers, présents, l’ont démenti. Dans une véritable concertation, il est nécessaire que les habitants et les associations puissent s’exprimer.

PSMV et NPNRU :

Perpignan dispose d’un Site patrimonial remarquable (SPR, ex-secteur sauvegardé), avec un Plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) adopté en 2007. Ce PSMV est en cours de révision, mais le PSMV révisé ne sera pas validé avant le printemps 2019. C’est donc le PSMV de 2007, toujours en vigueur, qui s’applique en terme de règlement d’urbanisme. Or de nombreuses propositions figurant dans le projet de rénovation sont contraires à ce PSMV. C’est notamment le cas pour 7 parcelles prévues à la démolition, classées en catégorie 5 bis (immeuble à maintenir, dont les structures et les volumes sont à conserver) dans le PSMV.

Il semble que la municipalité anticipe sur ce que sera le PSMV révisé. En terme d’urbanisme, la préservation du patrimoine est prioritaire et donc c’est le Plan de sauvegarde que l’on se doit de respecter. Là, c’est l’inverse ; on fait des choix urbanistiques et on demande à la règlementation (PSMV) de s’adapter. C’est le monde à l’envers.

Le projet de rénovation :

La réhabilitation du quartier Saint-Jacques est une urgence depuis de nombreuses années que ce soit du point de vue urbanistique, social ou culturel. Mais, cette réhabilitation doit se faire dans le respect de l’authenticité historique de ce quartier millénaire et en associant étroitement les habitants et les associations concernées. Il convient également, dans cette réflexion, de faire appel à toutes les compétences de spécialistes de l’histoire, de l’urbanisme, de la sociologie ; notre association va s’y employer.

Pour notre part nous préférons parler de réhabilitation, de restauration, plutôt que de rénovation. Car, il s’agit bien de restaurer ce quartier, afin de lui restituer son image, son esthétique, dans le respect de son histoire et de sa population, en dotant les logements du confort et d’en finir avec l’insalubrité, pour un habitat digne.

Dans son projet pour Saint-Jacques, la municipalité a une vision a-historique et haussmannienne de l’urbanisme. “Je suis dans le camp du baron Haussmann” (Pierre Parrat, 1er adjoint à l’urbanisme, conseil communautaire du 15.02.2018). “Tout ce qui ne présente pas d’intérêt architectural peut être détruit, pour aérer, faire des places, des parkings” (Jean-Marc Pujol, maire, dans la presse). Le leitmotiv est : aérer, dédendisifier.

Nous citerons 3 exemples de projets “haussmanniens” injustifiés :

– Démolition de 4 immeubles (39-41 rue d’en Calce, 22-24 rue Joseph Bertrand) pour faire un passage entre la rue Joseph Denis et la rue des Mercadiers, en contradiction avec le PSMV ;

– Démolition de 9 immeubles (1 rue Marengo, 28-30-32-34 rue des Cuirassiers, 4-6-8 rue des Mercadiers) pour faire une trouée entre la place Berton et la place du Puig, en contradiction avec le PSMV ;

– Démolition de 12 immeubles (îlot Bailly- Mercadiers-Sentier-Paradis) pour faire un jardin, en contradiction avec le PSMV, alors que ces bâtiments sont certes insalubres, mais non en péril.

Dans d’autres secteurs du quartier (place Carola, par exemple), les projets consistent à implanter des constructions neuves, sans âme, qui seront confiées à des promoteurs. La vidéo qui a été diffusée à ce sujet est hallucinante(https://www.facebook.com/lindependant.fr/videos/10154851340099149/?hc_ref=ARSjR49GOQfpqGsH6NXQ-T5fcCPf5ALsr-Kh-GDaV5pHGdb4tJsDPHELktJrwWblkH4&pnref=story) ; ce type de constructions ne respecte absolument pas le bâti traditionnel du quartier. Et que dire de la démolition totalement injustifiée d’au moins 7 immeubles en bon état, 11-17 rue des Potiers, pour les remplacer par des constructions neuves. Il en va de même pour les maisons adossées à l’église des Carmes.

La réhabilitation, la restauration de Saint-Jacques doit se faire en respectant le bâti traditionnel, le parcellaire millénaire, en associant étroitement ses habitants, de façon coordonnée et en faisant appel aux artisans locaux qui disposent du savoir-faire technique pour aborder les problématiques du bâti ancien. D’autres villes (Lyon, Arles, Montpellier, …) ont su traiter la réhabilitation de tels quartiers de façon respectueuse

Jean-Bernard Mathon, président de l’ASPAHR, le 22.02.2018.

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