Autour de l’église établie dès le Xe siècle sur la butte qui domine des terres basses humides (bajas) le cimetière protégé par son caractère sacré devient aux XIe-XIIe siècles le lieu de dépôt des récoltes et de refuge des habitants de la paroisse. La protection sacrée est vite complétée d’une fortification : muraille, porte fortifiée, fossés, murs jointifs des maisons périphériques.
Dans le cas de Bages, la configuration particulière du terrain, la butte et les fossés qui l’entourent, ont préservé jusqu’à nos jours cette forme d’ensemble, une des plus nettement visibles de toute la plaine du Roussillon. Ce petit quartier constitue en lui-même une forme urbanistique à protéger. La destruction d’une maison périphérique en 1999 a porté une atteinte irréparable à son plan, il convient d’en tirer les leçons afin de ne pas recommencer.
La maison menacée de destruction par le projet actuel est une demeure bâtie pour une influente famille locale, qui a voulu, vers 1880, inscrire sa présence dans la cellera. Celle-ci était restée depuis le Moyen Âge le lieu d’implantation des plus anciennes familles du village et de leur affirmation sociale. Installer non seulement sa résidence mais aussi les bâtiments agricoles annexes, écuries, caves, dans la cellera était la perpétuation de ses fonctions originelles.
L’edifice que l’on propose de détruire s’intègre parfaitement à son environnement, par ses matériaux de construction, par son plan, par la diversité de ses espaces. Le bon état général de sa structure permet d’imaginer des aménagements intérieurs et extérieurs qui permettront de la réhabiliter en y installant des logements sociaux, dans un cadre respectant et mettant en valeur l’héritage architectural et patrimonial de ce cœur villageois.