La commission nationale du patrimoine et de l’architecte (CNPA) était réunie le 17 mai dernier pour examiner le projet de révision du plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) du site patrimonial remarquable (SPR, ex-secteur sauvegardé) de Perpignan.
Cette réunion fut houleuse et le projet très discuté, même si au bout du compte un avis favorable a été émis, mais, avec beaucoup de réserves.
Ainsi, la commission a décidé d’envoyer une délégation sur place, à Perpignan, pour voir ce qui se passe réellement ; c’est une démarche totalement inhabituelle !
Par ailleurs, 4 projets défendus par la mairie ont été retoqués ; il s’agissait de demandes de déclassement d’immeubles. La commission a très bien compris que derrière ces demandes il s’agissait en fait de permettre de nouvelles démolitions ou altérations de bâtiments. Ainsi, la mairie ne pourra pas comme elle le souhaite : démolir 4 immeubles rue des Augustins pour créer une liaison -inutile- avec le jardin suspendu du musée Rigaud ; transformer de fond en comble l’école Mme Rolland pour en faire des salles de cours ou des bureaux pour l’université ; démolir le bâtiment situé 1 rue Côte Saint-Sauveur, pour reconstruire (toujours pour l’université) ; démolir 4 immeubles rue d’En Calce / rue Joseph Bertrand pour réaliser une continuité -inutile- entre la rue Joseph Denis et la rue des Mercadiers.
La commission donne ainsi partiellement raison à l’ASPAHR qui a combattu ces projets, arguments à l’appui. Mais, il faut rester vigilants car la municipalité nous a habitués à ne pas respecter la règlementation (démolition de 22 immeubles qui devaient être conservés), et, si le projet de loi gouvernemental ELAN et la proposition de loi sénatoriale OSER étaient adoptés, ce qui était illégal hier, deviendrait légal demain, avec la suppression de l’avis contraignant de l’ABF. L’ASPAHR va interpeller nos parlementaires locaux pour qu’ils refusent de voter les aspects négatifs pour le patrimoine contenus dans ces projets.
La procédure de révision du PSMV va entrer dans sa phase finale, avec l’ouverture d’une enquête publique (à l’automne ?). L’ASPAHR va informer la population, appeler à l’action, faire des contre-propositions. Il faudra bien que le commissaire enquêteur prenne en compte nos observations et modifie profondément le PSMV révisé.
Il faut pour Perpignan un plan de sauvegarde respectueux de l’histoire de son bâti et de son parcellaire médiévaux, afin que s’engage vraiment, dans le centre ancien, une véritable réhabilitation, associant étroitement la population. Perpignan ne doit pas être livrée aux bulldozers et à des opérations immobilières.
Perpignan, le 29.05.2018
Le Président de l’ASPAHR
Le Communiqué a suscité un article dans l’Indépendant du 1er juin 2018 :