L’ASPAHR s’est rendue en randonnée, le 19 juin dernier, à la batterie de Sainte-Engrâce, au dessus d’Amélie-les-Bains. Cet ouvrage militaire construit autour de 1890 est en effet sa propriété, acquise à l’initiative de Pierre Ponsich au début des années soixante. Les raisons précises de cette acquisition par l’association nous échappent aujourd’hui, mais il nous reste la responsabilité d’un patrimoine intéressant, témoin des techniques de fortification de la frontière avec l’Espagne, qui à la fin du XIXe siècle, était encore considérée comme devant être défendue et d’une petite partie d’un paysage remarquable, avec ses vues lointaines à couper le souffle et ses richesses naturelles, dont la protection est aussi dans les buts de l’ASPAHR.
La journée a été agréable et appréciée par les participants. Elle sera sans doute renouvelée, pour découvrir ce lieu magnifique et pour, peut-être, entreprendre ce que l’ouvrage nécessitera comme entretien.
En attendant, notre ami Guillaume Eppe présente ci-dessous cette batterie, pour l’information de nos lecteurs.
La batterie de Sainte-Engrâce
L’ouvrage, accessible par un chemin, se comporte d’une plateforme haute tournée vers l’Espagne et d’une plateforme basse tournée vers Amélie-les-Bains. Il est construit sans fondation, en pierres sèches de grandes dimensions. Un ancien panneau signale encore le site comme propriété militaire. La plate-forme forme basse, à -2,50/-3m par rapport à la plateforme haute, s’appuie sur un mur de près de 20 m de long sur 1 m d’épaisseur. On doit sa construction au capitaine du génie Louis Rougier, commandant la chefferie du Génie de la place de Bellegarde.
Le chemin stratégique qui y conduit, long de 6 Km, est établi par le Génie entre 1885 et 1889. La construction par main d’oeuvre militaire de la redoute de Santa Engracia est effective en 1888 mais l’ouvrage de 577 m² n’est pas encore achevé en 1891.
Le docteur François Massina signale, vers 1888-1889, une épidémie de thypoïde touchant les militaires de l’hôpital thermal d’Amélie. Une centaine d’hommes du génie étaient chargés de construire une batterie au lieu-dit Santa Engracia. Ils disposaient d’une cantine militaire située à 500 m environ au sud de la batterie. Cantine elle-même éloignée de 500 m de la ferme dite du Mas Nou d’Echennes. Entre la cantine et la ferme, se trouve une petite source nommée Source de Sainte-Eugénie ou Font del Soldat. C’est de là qu’était partie l’épidémie de typhoïde.
En 1898 la batterie est décrite ainsi : (…) De retour au chemin stratégique, il faut continuer à monter, pendant 2 autres kilomètres, jusqu’à la batterie qui couronne le sommet de la montagne et dont on commence à apercevoir la forme quadrilatérale. Cette batterie n’est qu’en projet, elle n’est ni armée ni gardée et on y entre comme au moulin. Son altitude est de 800 mètres environ, et le tour d’horizon est fort étendu (…).
En 1910 un détachement de six soldats du génie y effectue des exercices de télégraphie optique.
En 1913, la gare d’Amélie-les-Bains sert à la desserte de la batterie de Sainte-Engrâce. La batterie et son chemin ont été déclassés en 1957 et cédés ensuite à l’ASPAHR.
Guillaume Eppe
Ci-dessous quelques photos prises ce jour.
Pour rappel, les photos et le texte de Guillaume Eppe que nous avions publiés lors de notre communiqué.