Laurent Hugues est décédé accidentellement, à Nîmes, le 3 janvier 2025, âgé de 60 ans.
Après des études d’histoire de l’art à Montpellier, puis à l’université Paris IV Sorbonne (Master Histoire de l’Art, en 1993), il a obtenu son diplôme de conservateur du patrimoine, spécialité monuments historiques, en 1994 (INP, promotion Hubert Robert).
C’était un spécialiste du peintre François Hubert Drouais (1727-1775) et de l’iconographie des Bourbons.
Nommé conservateur des monuments historiques, à la DRAC Languedoc-Roussillon en 1996, il a été en poste, conjointement, pour les départements des Pyrénées-Orientales et de l’Aude, durant 20 ans. Depuis 2017, il était en poste à la DRAC PACA, ayant en charge les départements des Alpes-Maritimes et du Var. Il avait été promu conservateur général du patrimoine en 2014.
Laurent Hugues a laissé une empreinte durable dans le champ patrimonial roussillonnais. Homme de dialogue et de conseil auprès des élus, des propriétaires et des affectataires, il n’en était pas moins intraitable sur le respect des prérogatives de l’État et du code du patrimoine, ainsi que sur le recours obligé à des professionnels dûment qualifiés pour restaurer les œuvres d’art et les édifices. Homme de terrain, souvent en tournée dans les villages les plus reculés, il savait s’appuyer sur les relais locaux, notamment les conservateurs et conservateurs-délégués des Antiquités et objets d’art.
Gros travailleur, grand érudit, homme de culture, il savait parfois être un peu cassant et catégorique avec certains qui renâclaient à mettre les moyens nécessaires à la bonne conservation et à l’entretien courant du patrimoine. Les discussions sur les choix de restauration étaient parfois ardues, notamment avec les restaurateurs, tant il était convaincu de ses choix ; en général l’arbitrage se faisait avec certains compromis, tant il n’y a jamais de certitude absolue dans le domaine de la restauration.
Il avait une vision globale de la conservation et de la valorisation du patrimoine, ayant vite compris que si l’on ne s’occupait pas de traiter les ensembles (objets, mais aussi leur environnement), on risquait de devoir recommencer sans cesse les interventions de restauration. De ce point de vue, il a été un des initiateurs du Plan-Objet, mis en place dans le département des Pyrénées-Orientales (partenariat DRAC / Conseil départemental) ; programme qui a ensuite essaimé , avec des variantes dans quelques départements.
Novateur et inventif, il a été à l’initiative de l’opération “Jeunes restaurateurs en résidence”, à Ille-sur-Têt, de 2011 à 2014. Chaque année, 2 jeunes restaurateurs, recrutés sur concours, recevaient une bourse durant 2 mois et demi et restauraient 2 œuvres provenant de communes du Pays d’art et d’histoire Vallée de la Têt. Des opérations de médiation auprès du public permettaient de faire comprendre le processus de restauration.